mercredi 22 avril 2009

Votre analyse Dr gonzo ?

Quand il était plus jeune, Ahmed voulait être journaliste mais son père le lui a interdit car dans certains pays vouloir être journaliste revient à jouer à la roulette russe tous les matins en fumant du crack. Non le petit Ahmed sera caravanier comme son père ; et finalement si les dromadaires ont un peu changé, les fondamentaux restent les mêmes.

Ahmed n'aura donc pas réalisé son rêve d'enfant et il ne ressemblera jamais à son idole, le regretté Docteur Hunter T. mais est ce tant un mal ? Vous, qui aimez Ahmed pour ce qu'il vous apporte, direz que non mais restons sur les fondamentaux : Ahmed aurait-il pu être journaliste ? De nos jours, clairement non. Ahmed est trop honnête, n'en déplaise à certain, pour cela. Et puis Ahmed n'aime pas l'hypocrisie or qu'y a t-il de plus hypocrite qu'un journaliste ? Parcourir le monde pour faire découvrir au grand public ses travers semble pourtant une noble cause ; et cela aurait pu en être une si dans le fond le journaliste ne faisait pas ça pour se dédouaner d'avoir laissé le monde tourner comme il l'a fait et pour satisfaire un voyeurisme subjacent que ce vieux Sigmund F. aurait sûrement expliqué grâce à une quelconque perversion sexuelle de la petite enfance.
Le grand ami d'Ahmed, Chuck P., lui a dit il n'y a pas longtemps que les branleurs finissaient immanquablement artiste ou gangster en fonction de leur courage ; Ahmed pense qu'il faudrait ajouter à cela journaliste. Certains objecteront que les journalistes sont aussi des artistes car ils usent des mots comme le font les bâtisseurs de la grande littérature mais ces gens là sont des doux rêveurs. Il n'y a en effet rien d'artistique à observer une calamité et à se demander combien de signes un quelconque rédacteur en chef (qui n'a de rédacteur que le titre au vu de leur production littéraire ...) vous accordera pour la décrire. Il n'y a rien d'artistique non plus à s'abreuver des communiqués de presse d'agents de communication d'hommes politiques avec qui, au détour d'un green, vous plaisantez à propos de l'information pertinente que vous ne divulguerez jamais pour pouvoir garder vos privilèges. Ce sont d'ailleurs ces privilèges qui attirent les branleurs qui ont trop peur de la police pour être criminel et des bonnes amies d'Ahmed pour être artiste.
D'autre part, Ahmed en a marre de se faire rabâcher les oreilles à propos de déontologie et d'objectivité journalistique. La déontologie n'est qu'une mascarade de code d'honneur qui ne repose que sur la lâcheté de ceux qui la suivent. Un collègue d'Ahmed lui a un jour parlé de la déontologie de leur profession qui se perdait selon lui. Vous imaginez bien qu'Ahmed a rit de bon coeur devant tant de naïveté ; la déontologie dans la branche d'Ahmed revient à éviter à tout prix de déplaire à Ahmed ou à un autre des barons de la profession et elle n'est motivée que par la peur de devoir sucer le canon d'un magnum 44 en espérant de tout son coeur que celui qui le tient sera, juste pour cette fois, touché par la pitié. Quant à l'objectivité journalistique, en plus d'effrayer au plus au point les directeurs de rédaction, c'est un concept si peu rentable qu'il faudrait être fou, incroyablement riche ou fanatiquement idéaliste pour y adhérer. Comme le disait si bien ce cher Hunter : le journalisme objectif ne se trouve que dans les résultats sportifs et les valeurs de la bourse ; et encore, si les bourses des journalistes étaient plus grosses, ils nous diraient objectivement sur quelles magouilles reposent ces résultats et ces valeurs mais là n'est pas malheureusement l'objectif de ses messieurs. D'ailleurs si il est vrai que le journaliste sportif n'a rien à envier au garde républicain au niveau de l'intellect, c'est pourtant dans cette classe que l'on trouve ce qui ressemble le plus à cette objectivité que tant de professionnels de la profession nous balancent à tour de bras pour justifier leurs émoluments et leurs invitations gratuites dans tout ce que la capitale compte d'évènements culturels et d'open-bar mondains.

Bref, vous l'aurez compris, Ahmed n'aime pas vraiment les journalistes tout en étant bien obligé de les écouter pour se tenir un tantinet informé, paradoxe presque aussi dérangeant que celui de devoir suivre les cycles du soleil pour avoir une idée de la date (vous le savez déjà Ahmed est un chantre de la journée de 28h) ou celui de devoir voter pour une illuminée réactionnaire pour voir un gouvernement de gauche dans le pays du Front Populaire et de René D. Mais ne généralisons pas trop, il est possible de trouver des journalistes qui font leur boulot consciencieusement, motivé par la plus pure honnêteté comme il existe des agents des stup' non toxicomanes ; Ahmed en connaît même quelques uns personnellement (mais il n'a jamais rencontré d'agent des stup' non toxicomane et non mort).

Et puis finalement cette corruption généralisée de la caste journalistique arrange bien Ahmed et lui fait surtout économiser pas mal de munitions ...

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