mardi 11 août 2009

Icarus was a genius




Aujourd'hui Ahmed Kelly a la pêche.

Et ouais, ça lui arrive parfois n'en déplaise à certain.

Ahmed Kelly a la pêche car il a cédé à la pression sociale, à la fatigue et aux regards aguicheurs de la femme qui éblouit et il a fait son pèlerinage annuel à la grande bleue. Vous le savez Ahmed Kelly n'est pas du genre à se faire dicter son comportement par la mode et la masse - est mouton qui veut mais malheur à celui qui tentera de tondre Ahmed - pourtant il a suivi pour un long week end l'aoûtien pâlot, fait la nique au juillettiste bronzé-grisâtre et maudit le saisonnier, le rentier et l'autochtone cuivré.

Mais point d'aigreur, ni de sarcasme aujourd'hui car Ahmed a eu la joie de regoutter à un des meilleurs excitants que la création ait procuré à l'homme atteint. Atteint de quoi vous demanderez vous ? Et bien, pas de la rage pour commencer ; non atteint d'une maladie beaucoup plus pernicieuse : l'inadaptation.
La plupart de nos semblables s'adaptent assez facilement à l'existence calme et triste qui est la leur au point de la défendre bec et ongle contre les sybarites qui font l'apologie de leur mode de vie. Ils s'y adaptent même si bien qu'ils l'ont intégré dans les doctrines, les croyances, les devises et les maximes qu'ils inculquent à leurs progénitures et que les oligarques utilisent contre eux pour brimer leurs libertés et pire encore leur volonté d'être libre. Ahmed n'est pas de ce type, il entend l'appel du roi-lézard, il n'a pas oublié sa part de Rimbaud et surtout il fait de la contrebande, métier qui possède l'un des meilleurs rapports horaires-de-travail/bénéfices de la création. Ahmed, comme beaucoup de ses plus proches amis et comme tous ceux qu'il croise et reconnaît au cour de ses pérégrinations, n'est pas sensible à cette propagande. Jeune, il contredisait ses précepteurs et riait de leur embarras à travers les voilures de Marie-Jeanne ; plus vieux au bras de Caroline après près de 50 heures de vieille, il narguait l'automate qui cherche entre ses jambes la raison pour laquelle il est sorti de son lit ; aujourd'hui, il voyage 12 heures sans bouger et défie les frontières de l'espace et du temps dans le giron de Lucy. De tout temps, il a siroté son verre l'air goguenard devant celui qui boit pour oublier et s'est délecté de ses goûts singuliers en matière d'art quand il entend la n-ième conversation, répétée par les mêmes personnages interchangeables à propos des mêmes gens qui peuplent les romans et autres films prédigérés vers qui la masse se précipite comme l'essaim vers la lumière. Ahmed n'est pas le seul dans ce cas et d'aucuns diront qu'il fait parti d'un autre essaim mais ceux là tirent sur l'ambulance et tant qu'ils ne se seront pas retirés dans la forêt en autosuffisance leur attitude sera toujours ridiculisée par la poutre qui leur déforme la cavité oculaire. Ahmed, même s'il contemple avec morgue et suffisance la plèbe, sait bien que la société, ses courants, ses remous, ses écueils et ses récifs lui sont indispensables pour continuer à barrer la vie qu'il mène. Au royaume des aveugles le borgne est roi mais Gatsby n'aurait pas été magnifique à la cour de Crésus.

Bref, Ahmed, et la plupart des gens de son genre, gènent toutes les générations qui jouent le jeu, ils sont inadaptés pour la partie qu'on leur offre. Pour eux, ensuite, peu de solutions : briller, plier ou fuir. Ahmed a choisit de briller, et il espère que de passer trop près du soleil il ne fondra pas trop vite. D'autres choisissent de plier, de se forcer et de rentrer dans le rang ; généralement ils souffrent toute leur vie, en silence le plus souvent, en souffrance parfois et malheureusement en violence pour ceux dont le feu ne peut être contenu indéfiniment. Enfin les derniers décident de descendre et de vivre en marge, de marcher sur la berge. Ahmed profite de tous ces gens, car Ahmed n'est pas un saint, car Ahmed sait que ces gens ne s'en sortent pas seuls, car ses amies sont bonnes et libératrices pour ses semblables. Et donc, elles sont partout, elles les soutiennent tous, les meilleurs amies d'Ahmed, celles avec qui il s'est brouillées, celles qu'il n'a jamais voulu aborder, celles qui l'accompagnent toute la journée et celles qu'il ne retrouve que trop rarement. Mais de trop passer de temps enfermé, dans les grottes de Babylone ou celles de Sybaris, il avait oublié la meilleure de toute, celle qui ne fait pas de distinction et réchauffe les cœurs de tous sans distinctions : la soleil.

Ahmed s'en veut presque de l'avoir ainsi négligée, il aimerait se racheter et sacrifier en son honneur. Mais il sait que cela n'est pas nécessaire car elle n'a jamais douté, elle a toujours été là pour tous et toujours elles nous a montré le chemin, elle nous a donné l'exemple. De tout temps elle a brillé pour nous attirer, pour que nous la contemplions et celle qui éblouit presque autant l'a bien compris : "Lève la tête, disait elle encore à Ahmed alors que celui-ci était tenté de se laisser aller au désespoir, le bonheur ne se trouve pas par terre."

Finalement, les insectes ont tout compris : ce qui éblouit est beau et, au risque de se brûler, ce qui éblouit est attirant, ce qui éblouit emplit notre cœur de chaleur et de bonheur et nous tous, nous avons toujours, au fond de nous, rêvé de vivre en son sein.

7 commentaires:

les nuages bavards a dit…

Bon, deux choses :

1- Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas plus de commentaires sur ce blog qui est excellent ! Si tout le monde fait comme moi jusque là, te lis et ne commente pas, c'est normal tu me diras. Alors voilà, je sors de l'ombre sur ce texte. Puisqu'il y est question de lumière et de soleil, autant être raccord ;)

2- Là, je vais sans me doute me ridiculiser mais j'aime pas quand je comprends pas : Pourquoi "la" soleil ? Mmmm.... J'ai beau relire et chercher, ça reste obscur. Veux-tu bien m'éclairer ?

A. Kelly a dit…

Pourquoi 'la' soleil ? Bonne question.

Et bien d'abord parce que le soleil se devait d'être un peu personnalisé dans cette note, il ne pouvait pas rester le simple soleil que nous voyons tous les jours puiqu'il/elle rejoignait le clan des "amies" d'Ahmed qui ont toute été personnalisé par des prénoms féminin (à l'exception notable d'Amédée, qui est un prénom masculin, mais dont je ne parle pas beaucoup, sûrement parce que ce nom ne me satisfait pas, il va falloir régler cette question...).
D'autre part, dans la mythologie de Tolkien le soleil est une divinité féminine et je suis persuadé d'avoir vu ça dans une autre mythologie mais je n'arrive pas à me souvenir laquelle, et pourtant j'en ai déjà parlé avec un pote après avoir publier la note, ça vient toujours pas (si quelqu'un lit ce blog et peut me rafraîchir la mémoire, il sera dûment glorifié).
Et enfin quand je l'ai écrit cela me semblait tout à fait naturel, dans la poésie du tout, et donc je ne me suis pas posé la question.

Ahmed Kelly est un peu un poète à sa façon, il faut lui laisser le bénéfice de la licence poétique, héhé.

Merci pour tes encouragements en tout, ça fait plaisir et si tu as d'autres questions n'hésite pas à les poser.

les nuages bavards a dit…

Pour les "amies", c'était bien ce que j'avais en tête.
Pour Tolkien, j'avais oublié (oui, c'est mal).
Pour l'autre mythologie, je sais pas, je donne ma langue au chat. Pour la poésie du Grand Tout, je vote pour !
Pour la licence poétique, qu'Ahmed soit assuré qu'il peut accumuler bénéfices, dividendes, coupons et profits ;-)
Et pour cet éclairage, on ne peut plus précis, mille mercis !

Anonyme a dit…

Rah "la" soleil... je me suis dit Tolkien aussi et je sais qu'il y en a d'autres, mais je ne retrouve pas... foutre dieu, que c'est agaçant!

bon, en tout cas, je suis content qu'il y ait d'autres gens que moi qui lisent ton blog et qui le trouvent prodigieux, je me sentais un peu seul! mais ça avait du bon, j'avais l'impression d'être un peu l'unique découvreur de talent, qui hurle dans le néant et les tréfonds du web kikoolol... un genre de borgne au royaume des aveugles.

Adrien Peyrache a dit…

je crois bien que c'est dans la mythologie scandinave... (comme en allemand, le soleil est féminin dans ces langues).
Mais ouaaiiis, ca déchire ton blog, c'est un peu de vie par procuration de temps en temps.

A. Kelly a dit…

Gloire à Adrien, même si j'avoue j'attendais quelque chose d'un peu plus précis, mais au moins je ne suis pas fou, ni désespérément geek, cela n'existe pas que dans Tolkien.

Et foutre dieu que j'aime cette expression, merci Coon je la réutiliserais si tu permets.

Et de rien P_o_L, ça me fait plaisir.

A5er a dit…

Sur Wikipedia Ahmed Kelly eut pu trouver:
"D’une façon générale, il est un principe masculin et actif. Toutefois, certains peuples nomades d’Asie centrale le considéraient comme un principe féminin (la Mère soleil) ; c’est aussi le cas des Japonais, pour qui le Soleil est le kami Amaterasu, la grande déesse, sœur de Tsukuyomi, le kami de la Lune. Même dans la langue allemande, le Soleil est féminin selon son article (die Sonne). Dans la mythologie nordique, les enfants de Mundilfari et Glaur sont Sol (déesse du Soleil) et Máni (dieu de la Lune), une idée que J. R. R. Tolkien a importée dans son œuvre."