jeudi 30 juillet 2009

Vade Retro Satanas

Aujourd'hui Ahmed Kelly va être un peu geek parce que c'est un homme de son temps et que celui ci est à la technologie.

Entre parenthèse, d'ailleurs, on utilise un peu à outrance l'appellation geek de nos jours, je trouve. Il y a peu j'ai eu le plaisir de lire que ce cher François F. se disait geek ; avide de savoir quand se déroule les soirées LAN à Matignon, je me ruai sur l'article pour découvrir que François F. se dit geek parce qu'il connaît le dernier né des reflex numériques de chez Sony, qu'il a le wifi et au moins deux ordinateurs portables à la maison, dont un serait, selon certains commentateurs irrévérencieux, un macintosh. Mais ce cher monsieur a t il même déjà ouvert un manga ? A t il déjà posé ses mains sur une manette (nous ne dirons rien sur les mallettes nous ne sommes pas ici pour lancer des rumeurs infondées) ? Peut il citer de mémoire le nom d'un seul x-men ? A t il un quelconque pseudo et un quelconque avatar sur un quelconque site internet ? Je ne m'avancerai pas à répondre à ces questions parce qu'Ahmed ne connaît pas François F. en dehors du milieu professionnel mais le simple fait qu'il fasse partie des gens qui place un 'l' apostrophe devant internet me laisse penser qu'il ne doit pas être en mesure de répondre par l'affirmative à beaucoup de mes interrogations. Je poursuis la parenthèse pour calmer tout de suite l'indignation que je sens poindre chez ceux qui lisent entre les lignes : je ne réduis absolument pas les geeks, les vrais, aux grands enfants qui passent leurs soirées à jouer aux jeux vidéos dans une chambre recouverte de posters représentant des jeunes filles nubiles issues de l'imagination d'un obscur dessinateur japonais avec leurs amis virtuels jouant aux mêmes jeux dans une autre chambre recouverte du même genre de posters. Restons fidèle à la définition, le geek est quelqu'un qui se passionne plus que de raison pour un sujet que la majorité considère comme futile voir infantile, et, par extension, on met dans le lot les adolescents et adultes attardés qui tournent les pages de leurs bande dessinées à l'aide de leurs pouces à la musculature surdéveloppée. Ahmed a par exemple, parmi ses connaissances, une jeune fille aux multiples talents et à l'extraordinaire efficacité lorsqu'il s'agit d'abattre un concurrent gênant dans les embouteillages, qui est une geek totale et assumée pour tout ce qui a trait à la moto. Il est vrai que, de par son mode opératoire, elle a plutôt intérêt à se tenir aux courants des dernières nouveautés dans le monde magique du deux-roues mais vous avouerez que discuter sur un forum de couleurs de jantes avec Ghostrider78 dépasse largement le cadre de la veille technologique pour pratiquer l'assassinat motorisé. Ahmed considère donc cette jeune fille brillante comme une geek et cela n'entame en rien l'affection qu'il lui porte.
Bref, refermons cette parenthèse sur nos amis les geeks et parlons informatique.

Depuis qu'il travaille dans un bureau dans un immeuble haussmannien, Ahmed est obligé d'utiliser l'ordinateur fournit par l'entreprise et entretenu par ce cher Face de C. qui vous a été présenté en termes élogieux il y a peu. Maintenant que vous le connaissez vous vous doutez que cette sombre merde (excusez mon langage) constitue un responsable informatique à peu près aussi efficace qu'un junkie gardien de but. Ahmed doit donc se coltiner à longueurs de journées un ordinateur poussif qui tourne malheureusement sous windaube xp avec tous les logiciels propriétaires qui étaient imposés par les fabricants avant que la court européenne ne s'en mêle, et notamment Internet Explorer huitième du nom. Passons sur le fait que ce cher Face de C. ne veut pas installer un autre navigateur parce que "ça serait trop compliqué et puis vous vous rendez compte du temps que cela me prendrait ?!" ou sur le fait qu'il préfère voir ses machines freezer toutes les demi-heures lorsque la température extérieure dépasse les 25°C plutôt que d'apporter un peu de compagnie au seul ventilateur par machine qui tourne en sous régime ("il y a des gens qui se sont plaints que les ordinateurs faisaient trop de bruit quand les ventilos tournent trop alors je laisse comme ça", dans des bureaux où les photocopieuses tournent en continue et au milieu du couloir pour que tout le monde en profite mieux et où même fenêtres fermées, on a droit à un concerto en klaxon mineur toutes les demi-heures, il y a de quoi trouver l'argument fallacieux...), pour se concentrer sur le coeur du problème : Microsoft.

Alors que les vilains, en ces temps de crise économique, semblent passer des communistes et des intégristes religieux aux grands patrons et aux grands industriels, la firme de ce vieux Bill G. continue tranquillement à abuser de sa puissance et de sa position. Economiquement et stratégiquement parlant on ne peut pas renier le passé de la boite qui a réussi jusque dans les années 90 ce dont tout bon entrepreneur rêve toutes les nuits : obtenir un quasi monopole sans avoir à commanditer d'assassinats. Or force est de constater que, depuis, le prestige et la réussite de l'entreprise sont en chute libre. Et ce pourquoi ? Et bien simplement parce que, si Bill G. pouvait être considéré comme un génie de l'informatique et un précurseur lorsqu'il fumait des joints avec Steve J., il n'a absolument pas su s'entourer de gens aussi brillant que lui. En effet, depuis que Billou s'achète un golf lorsqu'il a envie de faire une petite partie, les gens qui dirigent la société qu'il a fondé semblent vivre dans un doux rêve où le monde extérieur n'existe plus. Lorsque tous les professionnels de la profession et tout ce que le monde porte de geek conspuent leur dernier navigateur internet et argumentent à coup de tests correspondant à des standards du web universellement reconnus et utilisés, ils affirment sans ciller que leur programme est le plus rapide et le plus sûr, tout en sortant une mise à jour d'urgence pour corriger une faille de sécurité (le simple fait qu'ils aient instauré un UpdateTuesday me semble incroyable). Alors qu'ils perdent de plus en plus de part de marché dans ce domaine, la dernière mouture de leur logiciel n'est encore pas capable d'afficher correctement la plupart des sites internets, rognant un bout de paragraphe par là, n'affichant pas une image sur deux par ici, n'adaptant qu'une police sur deux à la résolution de l'écran un peu partout, sans parler du fait qu'il est lent, capricieux et à peu près aussi sûr qu'une passoire en guise de casque. Mais leurs concepteurs continuent à en faire la promotion comme s'ils venaient de révolutionner le marché du couteau de table ; pour Ahmed c'est aussi incongru que si un type de la poste venait lui annoncer que son courrier arriverait vachement plus vite maintenant que les chevaux ont été remplacé par des solex.
Malheureusement par ignorance une grande majorité de consommateurs continuent à utiliser cette bouse informatique et à ne pas se demander si ils pourraient faire quelque chose pour ne pas avoir à deviner la fin des phrases de leur blogueur préféré. Mais ce qui est le plus grave là dedans c'est que personne chez Microsoft ne semble se rendre compte de ce qui se passe pendant que des centaines de traders se pendent à chaque annonce des bénéfices en baisse de la boite. Pourtant quand on a les moyens que possèdent les successeurs de Bill G. il ne doit quand même pas être compliqué de débaucher des programmeurs dignes de ce nom capables de rendre l'informatique agréable à cette masse incroyable d'internautes spoliés. Surtout qu'économiquement parlant, puisque c'est à priori tout ce qui motive ces gens là, le pognon, quel peut bien être l'intérêt de continuer à vendre à ses clients des programmes pourris ? C'est un peu comme si Ahmed s'entêtait à inviter Sherazade, la cousine vérolée et gangrenée de Marie-Jeanne, à toutes ses soirées en la couvrant de fond de teint et en refusant de voir cette dernière qui fait des grands signes derrières le videur.

Ahmed s'imagine lorsqu'il contemple la ville depuis son penthouse que les dirigeants de cette boite sont foncièrement mauvais et qu'une part caché de leurs programmes leur transmet les images et les réactions de chaque utilisateur de part le monde qui s'arrache les cheveux ou qui contemple bovinement un rapport d'erreur. Ahmed pense même qu'ils organisent des orgies où ils violent des mères de famille dans des mares de pétrole brut en écoutant à fond les cris d'angoisse de leurs consommateurs désespérés pendant que des écrans géants diffusent les images d'enfants en pleurs.

Bref, tout ça pour dire qu'Ahmed pense que si ses messieurs les juges du TPI s'emmerdent ils pourraient se pencher sur le cas de ces industriels qui à l'instar des dirigeants de Microsoft s'engraissent en profitant des failles du système, de situations de monopole ou simplement de leur pouvoir financier en bafouant allégrement et en vrac les droits de l'homme, le droit international et toutes les recommandations que de plus en plus de scientifique font pour éviter de transformer notre planète en poubelle aride et désolée. Ces messieurs qui vivent dans leurs tours d'argent en fermant les yeux sur tout le mal qu'ils font sont les champions du crime contre l'humanité et Ahmed veut bien investir dix fois ce qu'il paie à interpol pour ne pas se faire embêter pour que ces bâtards puants paient un peu pour leurs crimes.

Ahmed prédit même qu'à la prochaine révolution ce ne sont pas les têtes des politiciens qui feront le tour des villes au bout d'une pique mais celle de ces mécréants. Et il y a fort à parier que les membres d'Action Directe étaient bien plus visionnaires qu'ils ne l'imaginaient.

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