dimanche 11 janvier 2009

Mais sort donc un peu, tu pâlis

Aujourd'hui Ahmed a la cagne. Dans son vocabulaire avoir la cagne, ça veut dire ne pas avoir le moral mais avec un petit truc en plus. Un petit quelque chose fluctuant, parfois intense, parfois diffus, toujours présent. Ce vague sentiment que quelque chose ne va pas sans pouvoir mettre le doigt dessus, cette drôle d'idée que cela passerait avec un peu de violence, cette conviction que ça vous gâche la meilleur des occasions. Ahmed est comme ça : il n'aime pas se sentir ainsi, c'est faible, c'est mauvais pour les affaires et du coup ça l'énerve. D'une colère sourde qui peine à trouver sa victime mais qui s'insinue dans chaque pensée, dans chaque souffle. Et qui parfois éclate, sans prévenir malheureusement ; il faut dire que c'est pas très arrangeant une colère, ça envoie pas un e-mail de confirmation de rendez vous, à peine si ça renvoie un accusé de réception.

Tenez par exemple, pour fêter la fin de la semaine passée, le retour à Paris de quelques uns de ses amis et partenaires et la réussite totale d'un rendez-vous (oui Ahmed fête beaucoup de choses en même temps, il concentre. C'est une histoire d'organisation) Ahmed s'est rendu dans une taverne qu'il affectionne sur la rive des intellectuels pour boire quelques verres, un peu plus que de raison peut être si le coeur est au rendez vous. La soirée se déroule normalement malgré la lassitude perceptible de nombreux participants minés par la conjoncture. Mais finalement le coeur fait un effort et bien décidés à ne pas gâcher une belle occasion Ahmed et ses amis le poussent un peu et mettent leurs raisons en sourdine : la bière coule à flots.
Et tout d'un coup c'est le drame : l'un des participants à la sociabilité trop étroite pour avoir été présenté à Ahmed et à l'empathie assez étriquée pour ne pas ressentir son état d'esprit commence à se la raconter. Magnanime, Ahmed le prévient qu'au prochain écart la probabilité de recevoir son front en travers du nez risque de ne pas être négligeable. L'énergumène persiste, mais Ahmed lui trouve encore une circonstance atténuante, la jeunesse, et se contient ; et vous qui connaissez Ahmed, vous savez que cela lui coute. Mais il tient bon, il ne bouge pas et répète l'avertissement. Vous vous doutez malheureusement de la suite : l'effronté bas du front ne voit pas l'affront, signe et se prend une mandale. Et oui vous avez vu juste, il tente de riposter et quatre des amis d'Ahmed parviennent difficilement à lui éviter la charge vengeresse d'un Ahmed hors de lui.

Le malheur est évité mais voilà bien quelque chose qui me fait fulminer : être aveugle au point de ne pas voir le risque qu'il y a à tenir tête à Ahmed. Encore le résultat de parents absentéistes qui n'apprennent pas les bonnes choses à leurs enfants. Quelle importance de savoir si le couteau à poisson se place à droite ou à gauche du couteau à viande quand on est pas capable de savoir lequel est dangereux ? Pourquoi étudier la mathématique lorsque l'on dispose de si peu de logique que l'on rentre dans la cage du lion pour vérifier sa dangerosité ? Le bon sens est quelque chose qui se perd dans ce monde et pourtant il a permis à Ahmed d'accomplir tant de chose. Il devrait être enseigner dans les petites classes. Ah si on laissait à Ahmed le pouvoir de choisir les programmes, que de conflits abscons pourraient être évité. Mais voilà les pouvoirs publiques sont contrôlés par des gens qui n'évalue pas assez le potentiel d'Ahmed Kelly, et surtout qui n'ont pas assez de bon sens pour lui laisser leur place. C'est peut être un des grands malheurs de l'humanité moderne : elle a tellement oublié la peur du prédateur qu'elle ne sait plus reconnaître ceux de ses membres qui sont des loups pour les autres. Non pas qu'Ahmed soit le pire sociopathe que la terre ait porté mais à force de côtoyer des collaborateurs à la morale douteuse et au compte en banque assez gras pour rembourser la dette d'un pays africain, on se forge un caractère qui, quand on a les nerfs à fleur de peau, s'emporte facilement ...

Bref, Ahmed a un peu les boules mais ne vous inquiétez pas ça s'arrangera avec un peu de galette des rois.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est bon d'être en colère, surtout quand ça s'achève par un texte aussi drôle! J'aime beaucoup l'analogie du couteau à poisson...

A. Kelly a dit…

Ouh Yeah j'ai trouvé comment on met des liens sur les cotés !!
Ahmed Kelly n'est donc pas un informaticien.
Merci sinon, je suis content j'ai un fan.
(Et j'ai jamais vraiment bien compris l'intérêt du couteau à poisson)